Où en est le déploiement du très haut débit en France ?

Où en est le déploiement du très haut débit en France ?

Lancé en 2013 par le gouvernement, le Plan très haut débit a pour objectif d’améliorer la couverture numérique en plusieurs étapes. Fin 2016 déjà, 50 % de la population française était concernée par le très haut débit alors que 77,6 % de celle-ci était en zone blanche un an auparavant. La France a donc su rattraper son retard et passer de la 26ème place européenne en 2015 au peloton de tête en 2022. En effet, grâce à un investissement de près de 36 milliards d’euros sur 10 ans, 99 % des foyers et entreprises du territoire pouvaient se raccorder à un réseau très haut débit dès la fin de l’année 2021.

Désormais, il s’agit de généraliser la fibre optique pour qu’elle devienne une réalité pour tous à l’horizon 2025.

Les défis en France

Aujourd’hui, 67 % de la France est couverte par la fibre d’après les données du FTTH Council. Ce résultat dépasse les moyennes de l’Union européenne et de l’Europe entière qui sont respectivement de 48,5 % et de 57 %. La France est donc sur la bonne voie… mais a toujours des défis de taille à relever pour atteindre ses buts. Parmi eux, citons le raccordement effectif de tous les logements, la migration la plus sereine et optimale vers la fibre avec la fermeture du réseau cuivre d’Orange, la nécessité de ne pas oublier les périphéries des grandes métropoles et les zones rurales notamment.

Dès lors, comment faire pour accélérer le mouvement ?

La méthode classique : le déploiement souterrain

Les déploiements souterrains de fibre optique ont l’avantage d’être d’une fiabilité extrême. Pour cela, il faut creuser très profondément pour placer les câbles en dessous de la couche où le sol gèle. Cette mise en place suppose des coûts importants et une agilité moindre. On le constate aisément lorsqu’une modification est nécessaire et en cas de maintenance qui peuvent nécessiter de couper la circulation sur certains tronçons de route par exemple.

Le gros impact des tranchées

Ces dernières années, le creusement de tranchées s'est imposé comme une véritable alternative au génie civil. Ce processus désigne diverses méthodes de fraisage, de sciage et de meulage dans lesquelles des fentes étroites sont creusées dans le sol. Les câbles peuvent être posés dans ces fentes sans avoir besoin de conduites supplémentaires ni conduits sous les câbles et permettent de rester flexibles pour d'éventuelles réaffectations futures.

Si à ses débuts, la qualité de cette méthode de déploiement laissait souvent à désirer, la tranchée offre aujourd’hui de nombreux avantages. Dans la construction souterraine classique, les câbles sont posés à une profondeur d'environ 60 cm. Les fentes dans les tranchées, en revanche, ne mesurent qu'entre 7 et 45 cm de profondeur et 15 mm de largeur. Des étapes de travail supplémentaires telles que le soufflage des câbles dans des tuyaux vides peuvent être omises avec cette méthode de déploiement si des tuyaux vides ne sont pas utilisés. La méthode peu invasive élimine le besoin de fermetures de routes et de travaux de creusement chronophages, accélérant ainsi considérablement le processus de déploiement par rapport aux méthodes conventionnelles.

Le déploiement aérien

Il s’agit sûrement de la solution la plus rentable même si le vent et les écarts de température peuvent nuire à la qualité du déploiement. Cette méthode rend la connexion des zones éloignées et peu peuplées plus facile et plus lucrative. Dans la plupart des cas, les câbles à fibres optiques sont installés sur des poteaux en bois ou de télécommunications qui sont déjà en place. Bien sûr, d'autres infrastructures telles que les lignes électriques à basse tension pourraient également être utilisées.

Les défis pour les câbles et les composants

Différentes méthodes de déploiement entraînent diverses exigences pour les câbles installés. Alors que les câbles sont bien protégés dans les conduits vides souterrains, ils peuvent être plus exposés dans la construction souterraine classique. En définitive, c’est la qualité du sol qui dictera le choix du déploiement. Par exemple, les sols sableux sont faciles à déplacer et donc à creuser à l’inverse de l’argile qui peut contenir des roches capables de causer des dommages après l’enterrement.

En règle générale, les câbles à fibres optiques doivent être résistants s'ils sont installés à l'extérieur :

• Température : les câbles extérieurs doivent pouvoir supporter sans problème des variations de température entre -25 et 70 degrés.

• Résistance aux intempéries : qu'il s'agisse de gel au sol ou de coups de foudre, les câbles doivent être à l'abri des phénomènes météorologiques courants. Les câbles à fibres optiques ont un net avantage sur leurs homologues en cuivre car ils ne contiennent aucun conducteur métallique.

• Eau et saleté : les facteurs externes tels que l'eau, la poussière et la saleté ne doivent pas avoir d'impact négatif sur la fonctionnalité des fibres optiques.

Les câbles pour les tranchées sont soumis à une charge directe plus importante car ils ne sont pas protégés par des conduits vides, contrairement à l'installation souterraine classique. Ces câbles sont spécialement conçus pour un enfouissement direct et sont donc plus robustes.

Les fabricants de câbles ont développé des solutions adaptées pour cela. Par exemple, Corning propose des câbles de dérivation groupés avec un film (TFBD) qui accélèrent l'installation dans le cas de tranchées. Le câble contient des fibres qui offrent une atténuation particulièrement faible et sont également très flexibles.

Les câbles pour le déploiement aérien doivent toujours être posés avec une réserve de câble suffisante sur le poteau. Si le câble est arraché du poteau par un arbre tombé, il suffira alors de le raccrocher.

Perspectives

La fibre optique va poursuivre son déploiement. Piloté par France Stratégie, le comité d’évaluation du Plan France Très Haut Débit a publié un rapport début janvier qui se veut globalement très positif :

1.       La lutte contre la fracture numérique est plus concrète et chiffrée.

2.       Les objectifs fixés sont atteints, parfois avec une large avance.

3.       La fibre facilite l’essor économique d’une ville et l’arrivée de populations plus jeunes en son sein.

4.       La fibre nécessite moins d’énergie que les réseaux cuivre.

5.       C’est un chantier créateur d’emplois et de formations pour des dizaines de milliers de personnes.

Évidemment, il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers et ne pas oublier qu’il reste – et France Stratégie le rappelle – des inégalités de déploiement. Le FTTH Council Europe montre aussi que le taux de pénétration est inférieur à 50 % en France avec 47,1 % d’abonnés à la fibre. L’Irlande atteint, elle, les 78,4 % alors que le Royaume-Uni et l’Allemagne peinent à dépasser les 6 %. Il faut donc continuer à aller de l’avant et utiliser toutes les technologies dont nous disposons pour faire en sorte que l’ensemble des territoires européens soient connectés dans des réseaux Gigabits.

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